En partant du « Parque provincial El Puma », nous nous dirigeons vers les missions jésuites. Nous commençons par celles de Santa Ana. Le tarif prohibitif pour les étrangers nous fait grincer des dents même si nous trouvons légitime de payer plus cher que les locaux. Nous sommes un peu déçus car la végétation couvre toutes les ruines et il est difficile de s'imaginer la vie ici il y a 3 siècles. Heureusement que le plan à l'entrée nous permet de comprendre quelque peu l'architecture globale.
On repart pour continuer avec la mission de San Ignacio réputée pour être la mieux conservée d'Argentine. Nous comprenons tout de suite en arrivant que les ruines doivent effectivement être très belles car il y a énormément de touristes et plusieurs enfants nous accueillent pour nous proposer un restaurant, une place de parking, des plantes... On nous demande même de l'argent pour un renseignement demandé alors que nous ne sommes pas encore descendus de notre véhicule. On décide de remettre la visite à plus tard et on cherche un endroit pour dormir.
Nous nous dirigeons naturellement vers le parc naturel du coin: « El parque provincial Teyu Cuare ». Après quelques kms de piste, on arrive à l'entrée où, de nouveau, un garde nous accueille en nous autorisant la nuitée et en nous expliquant les différents sentiers du parc. L'endroit est magnifique: nous sommes au milieu de la nature, les arbres et les oiseaux nous entourent.
Le lendemain, nous faisons un sentier qui nous mène à une mission jésuite en ruine et à l'ancienne demeure d'un nazi: « La casa Borman ». Il avait une belle baignoire l'enfoiré et c'est clair qu'il devait être tranquille dans le coin vu qu'il est au beau milieu de nulle part. Une chose est sûre: j'espère qu'il en a bien chié pour couper les arbres et les plantes en tous genres qui devaient lui grimper dessus allègrement. On fait également un autre sentier cheminant sur des falaises nous permettant d'admirer le fleuve Parana de haut: les gardes ont aménagé quelques points de vue magnifiques. Le temps est au beau fixe et nous en profitons pleinement. Un garde parc: Mauricio nous propose un sentier non aménagé. On saute sur l'occasion. En arrivant à un magnifique point de vue, nous apercevons deux majestueux vautours. Ils sont à 5 mètres de nous. On s'assoit près d'eux sans qu'ils ne bougent et nous pouvons assister à leur envol. Dans les falaises en face de nous, les vautours nichent et nous sommes en pleine période de reproduction. Nous en voyons donc plein au-dessus de nos têtes, planer à la recherche de proie pour les petits?
Nous faisons connaissance avec les gardes parcs en partageant les repas du soir avec eux. On apprend à faire les asados: barbecues améliorés. C'est délicieux et ils sont heureux de nous montrer leur savoir faire en la matière. Les discussions vont bon train car chacun d'entre nous a très envie de connaître la façon dont les uns et les autres vivent de part et d'autre de l'Atlantique. Le salaire minimum est d'environ 1500 pesos ce qui correspond à 300 euros grosso modo. Tout l'électroménager est au même prix qu'en France. Autant dire que les machines à laver automatiques -comme ils les appellent- n'existent pas ici. La nourriture est moins chère mais la différence n'est pas flagrande. Les fruits et les légumes tournent autour de 1 euro le kg. Un aliment est vraiment moins cher: la viande. Nous nous payons de la bonne viande de boeuf à 3 euros le kg (pour les meilleurs morceaux). On s'en prive pas!
Ils nous parlent également beaucoup de leur travail. Un mot revient toujours s'agissant des politiques: corruption. Ils nous racontent leurs « patrouilles » pendant lesquelles ils sont sensés interpeler des chasseurs illégaux sur le territoire du parc. La chasse et la pêche sont interdites dans tous les parcs mais la proximité du Paraguay et du Brésil ne facilite pas les choses. Les peines étant beaucoup plus légères en Argentine, les brésiliens préfèrent prendre des risques de ce côté de la frontière. Pour les paragayens qui sont juste en face, il est fort tentant de profiter de la nuit pour poser des filets... Ils dressent les procès verbaux et la justice fait la suite.
Le soir, au campement, il y a des renardeaux et des agutis (c'est une sorte de souris géante) qui rodent autour de nous.
On se décide à aller visiter ces fameuses ruines pour lesquelles nous étions venus et nous en profitons pour faire le plein de flotte et de nourriture. En arrivant le matin, c'est quand même beaucoup mieux: il n'y a pas encore de bus et les gens du village sont du coup beaucoup plus détendus ou encore chez eux.
Les ruines sont effectivement très jolies. Des panneaux pédagogiques ponctuent différents points stratégiques des lieux . Ils proposent des commentaires oraux en différentes langues et les filles s'amusent à les entendre tous. Les explications sont simples et Lise prend plaisir à les écouter. Pour Leia c'est un peu plus compliqué mais elle profite des boutons et s'éclate en imitant les différentes langues.
Les missions ont commencé à s'installer à la fin du 17e siècle dans la région. Il y en a en Argentine, au Paraguay (où apparemment on trouve les plus belles, surtout celles de Trinidad) et au Brésil. Leur objectif était bien entendu d'évangéliser les indiens Guarani de la région mais contrairement à ce qui s'est passé dans le reste de l'Amérique du Sud, il semblerait qu'il n'y ait pas eu ici de violences ni d'abus sur les indiens. Il faut savoir que les missions à leur apogée accueillaient 150 000 guaranis et qu'elles représentaient donc un vivier important pour les esclavagistes notamment brésiliens qui leur menaient la vie dure. Les missions faisaient l'objet de raffles et elles ont du déménager plusieurs fois et mener des guerres pour survivre face à cette pression. Les jésuites ont été les premiers à écrire en guarani mais aussi à imprimer des livres en Argentine. Ils produisaient sur place tout ce qui leur était nécessaire pour vivre. A l'origine, les guaranis étaient des nomades mais dans les missions, ils sont devenus agriculteurs et éleveurs. Ils pouvaient donc vivre en complète autarcie. Néanmoins, le succès de cette expérience et l'indépendance des missions ne plaisaient pas à Rome. La pression des colons aidant et le traité signé entre l'Espagne et le Portugal pour se partager les nouvelles colonies provoquèrent l'interdiction puis la fermeture des missions vers 1760.
En sortant des missions, on se pose sur une terrasse pour manger une glace et on voit passer un Land français. On leur fait des grands signes. Nous faisons connaissance avec Emilie, Bertrand et leurs deux enfants (http://www.rejou-land.com) : Eloi 3 ans et Emile 5ans. Nous leur proposons le gite au parc. Le soir, nous nous retrouvons tous ensemble (touristes et gardes parcs) autour d'un énorme asado en buvant des bierres, de la vodka et.... du maté. La vie est belle.
Le lendemain, nouvelle ballade dans le parc. Il fait très très chaud. Les enfants passent beaucoup de temps à tirer à l'arc. Et les parents boivent des matés en discutant de tout et de rien. Les vacances quoi!
L'orage éclate le soir. La tempête est violente et les filles se réfugient dans la benne laissant Yan seul dans la tente de toit. Nouveau départ au réveil.
Septembre 2009 : Teyu Cuare et les missions jésuites |
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